Une affirmation ressort souvent en séance de coaching : ‘’je ne dois pas montrer mes émotions en entreprise !’’
Peut-on être soi-même en entreprise ?
En explorant le registre des émotions, émergent souvent ces réponses : ‘’Si je fais cela je deviens vulnérable !’’, ‘’Je ne peux pas montrer mes faiblesses’’, ‘’Certains vont me juger ou en profiter !’’. Derrière ces croyances profondes se projette la peur d’être manipulé, exclu, jugé, trahi, agressé.
Notre volonté d’authenticité mise à mal en entreprise !
Face à une difficulté relationnelle au travail, des mécanismes de défense peuvent immédiatement se mettre en place. Soumis à une situation que nous estimons dangereuse, nous pouvons privilégier l’attaque, la fuite ou l’immobilisme.
Ces stratégies évoquent notre incapacité à clarifier les choses, à exprimer notre ressenti et donc à tenter de trouver une solution ensemble.
A trop vouloir se protéger, on s’expose en milieu professionnel !
Le paradoxe est étonnant. Plus on essaie de se protéger d’une situation inconfortable en enfouissant nos émotions et sentiments, plus on crée les conditions d’une surexposition.
A savoir :
Ne pas exprimer nos besoins ou émotions nous frustre. De peur de déplaire, nous gardons en nous des pensées parasites. Ces non-dits engendrent ainsi gêne et malaise. Nous adoptons alors une attitude souvent en contradiction avec nos valeurs profondes (telle que l’authenticité, la vérité, le respect), ce que nous vivons forcément mal.
A ne pas clarifier les choses avec notre interlocuteur, nous favorisons inconsciemment les conditions pour que la communication ne soit pas fluide. L’autre, ne sachant alors rien de nous, peut alors donner libre cours à l’interprétation et au jugement.
Nous créons les conditions de ce que l’on redoute le plus ! La boucle est bouclée !
Une solidarité retrouvée dans cette période tourmentée !
L’épreuve mondiale et notre réponse collective face à la pandémie actuelle devraient nous interroger. L’urgence et cette situation inédite activent notre sens de la solidarité et du partage.
Le contexte nous révèle, dans nos rapports à l’autre, non plus des mécanismes de défense mais plutôt une ouverture, un besoin de collaboration et de soutien. Paradoxalement, nos barrières tombent et des sentiments positifs s’expriment en nous.
Cette attitude est-elle seulement liée à la situation d’urgence sanitaire ?
Quelle sensation ressentez-vous devant ces nombreux élans de solidarité et d’entraide ?
Plus basiquement, l’être humain n’est-il pas structuré pour partager et s’ouvrir à l’autre ?
Cette pandémie ne nous révèle-t-elle pas que fondamentalement notre part d’humanité ne demande qu’à s’exprimer ?
Plusieurs apports viennent nous éclairer sur ces sujets :
* La Communication Non Violente (CNV)
L’outil de la Communication Non Violente (CNV) mis au point par Marshall B. Rosenberg, vise à transformer les conflits en de simples dialogues.
Dans la relation aux autres nous sommes confrontés à nos besoins, mais comme nous ne savons pas les reconnaître, et encore moins les écouter, nous avons tendance à les étouffer. Alors comment prétendre à une bonne écoute de l'autre, si nous ne savons pas le faire pour nous-même ?
La CNV permet de prendre du recul, gérer ses émotions et passer de la réactivité à la parole centrée. La démarche, en cas de différend avec l’autre, se divise en quatre étapes :
1. Enoncer les faits
2. Exprimer ses sentiments
3. Exprimer ses besoins
4. Faire une demande raisonnable.
Nous voyons bien que les étapes 2 et 3 font intervenir le registre des émotions.
* La théorie de ‘’l’élément humain’’ de William Schutz - ‘’Dire toute la vérité’’
Dans sa théorie sur la dynamique des groupes, ce spécialiste Américain des relations au travail préconise de dire toute la vérité en entreprise. Cette démarche évite les non-dits et l’interprétation. Pour lui les secrets sont un poison. Plus l’organisation dit la vérité totale, plus elle est saine et productive.
« En étant authentique, on permet à l’autre de se rapprocher d’une vision juste de mon identité et non d’une image factice. »
Selon le théoricien, « Le travail d’équipe inefficace provient principalement d’attitudes adoptées rigidement. Ces rigidités surviennent lorsque les personnes ont une faible estime de soi. Pour les éviter, il convient d’aborder les peurs ouvertement et authentiquement. »
Comment sortir de ces schémas contraignants ?
Pour William Schutz, il s’agit de développer la conscience de soi, directement liée à l’estime de soi. Je partage complètement cette vision.
En améliorant notre assise émotionnelle, nous sommes à même de proposer des compétences relationnelles de plus en plus chères à l’entreprise (besoins forts autour des soft skills).
L’employeur et l’employé ont chacun un rôle à jouer dans ce changement d’attitude :
* L’employeur en élaborant une stratégie managériale orientée autour de ‘’l’humain’’ et son épanouissement. Encourager l’assertivité et l’affirmation de soi de ses salariés doit être un véritable axe de développement. Les signes de reconnaissance, l’écoute active, privilégier le travail collaboratif, favoriser une communication apaisée, authentique et respectueuse sont autant de pistes pour développer l’estime de soi des salariés.
« L’assertivité, est le fait d’assumer ce qu’on est, ce qu’on fait et ce qu’on dit, dans le respect de sa propre personne et dans celui des autres, dans une relation de réciprocité, qui implique à la fois une bonne maîtrise de soi et une intention de s’inscrire dans une démarche positive. »
Dans une organisation, l’assertivité permet des relations plus saines entre les managers et les équipes, atout idéal pour une meilleure efficacité professionnelle.
* L’employé en effectuant un travail personnel visant à une meilleure connaissance de soi, de ses émotions, de ses forces et de ses faiblesses. Cette démarche lui permettra alors d’envisager l’autre non plus comme un danger mais plutôt comme une source d’enrichissement réciproque. Les conditions sont alors réunies pour une cocréation de long terme.
Le contexte sanitaire pour re-poser nos émotions
Les outils de communication (réseaux sociaux, médias) ont été pris d’assaut par l’annonce et la réalité de ce ‘’cloisonnement sociétal’’. Ce flot d’émotions conscientes et inconscientes a engendré quantités de messages tantôt inquiets, tantôt excessifs, tantôt spirituels, etc.
Si cette période permettait tout simplement de re-poser nos vies. Entendons par reposer, ‘’poser autrement’’. Un moment de pause pour visiter nos émotions….
Sommes-nous justes et honnêtes avec nous-mêmes ?
Comment allons-nous vivre le retour à la ‘’normale’’, à la vie d’avant ?
Désirons-nous une vie plus harmonieuse ?
Comment penser un retour positif, constructif et fort d’une humanité retrouvée au sein de nos entreprises qui ont tant souffert ?
N’hésitez à partager vos impressions sur ce vaste sujet …
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